TDAH de l’adulte et ses implications

Le Trouble du Déficit de l’Attention et de l’Hyperactivité (TDAH) se manifeste dans l’enfance et se caractérise par une agitation excessive, une impulsivité, un manque de concentration et une faible tolérance à la frustration (1). Barkley(2) a revisité cette définition en ne qualifiant plus le TDAH de trouble de l’attention mais plutôt de l’intention et de l’autorégulation (émotionnelle).

Cette perspective met l’accent sur des caractéristiques spécifiques du TDAH chez l’adulte, notamment une juxtaposition d’incapacités dans leur gestion du temps, une forme myopie temporelle dirons-nous, dans leur régulation émotionnelle et une difficulté significative à une gratification différée.

Résumé 

Les adultes atteints de TDAH présentent un tableau clinique plus hétérogène, transcendant les symptômes moteurs typiques et comprenant un spectre plus étendu de dysfonctionnements émotionnels et de déficiences fonctionnelles. Une personne déficiente fonctionnelle souffre d’incapacités soit sur le plan physique,soit sur le plan psychique ou intellectuel, soit sur le tout réuni.

Développement

Les adultes atteints de TDAH présentent un tableau clinique plus hétérogène, transcendant les symptômes moteurs typiques que celui décrit chez les enfants et comprenant un spectre plus large dans leur symptomatique, allant du dysfonctionnement émotionnel à la déficience fonctionnelle(3). Le TDAH est bien plus, qu’une simple question de conduite inappropriée, de manque de volonté ou d’incapacité à se concentrer. Notamment en devenant adulte, la frustration et l’échec chroniques occasionnent de véritables difficultés pouvant hautement invalidantes. Ceci engendre des complications au niveau de l’évaluation neuropsychologique(4).

Épidémiologie

La prévalence estimée est comprise entre 2 et 7 %(5) et la prévalence globale du TDAH chez l’adulte était de 2,5 %(6). Une importante variabilité (de 4 à 75 %) des symptômes du TDAH persistant à l’âge adulte a été rapportée. Les hommes ont généralement un niveau de déficience plus élevé que les femmes(7).

Étiologie

Il est bien admis que le TDAH présente des facteurs génétiques mais également des facteurs environnementaux. Toutefois, des preuves probantes sur les causes spécifiques du TDAH, sont moins établies et surtout variables(8). Il a été démontré que la chronicité des symptômes chez l’enfant TDAH,  avec un trouble des conduites comorbides et un trouble dépressif majeur,  auguraient de leur pérennité à l’âge adulte.(9)

Les déficits de mémoire chez l’adulte TDAH sont plus susceptibles de refléter un problème d’encodage(10).

Bien que le TDAH soit un trouble du développement, des études à longitudinales ont montré une persistance relativement élevée des symptômes à l’âge adulte(11). La recherche a identifié une série de déficits notamment au niveau de :  la mémoire verbale, l’attention focalisée, l’attention soutenue, l’inhibition comportementale et la résolution de problèmes verbaux abstraits. Ainsi que des déficits plus modestes de la mémoire visuelle, de la résolution de problèmes visuels et des fonctions exécutives. Le temps de réaction simple n’est pas systématiquement altéré. Malgré ces observations, les déficits du TDAH ne sont pas toujours évidents et facilement identifiables.

Un déficit exécutif global à partir des tests cognitifs n’est pas relevé, mais une altération spécifique du fonctionnement exécutif peut l’être. Les dysfonctionnements en matière orthographique et arithmétique étaient plus significatives auprès du TDAH que sur la capacité cognitive globale(12). Bien que les échelles d’évaluation se soient avérées significativement prédictives d’un mauvais fonctionnement par rapport aux tests cognitifs(13), elles ne doivent pas être utilisées séparément(14).

Des études ont démontré qu’il est facile de simuler les symptômes de TDAH, notamment parce que les listes d’évaluation de symptômes sont généralement valides et ne contiennent pas d’échelles de validité substantielle(15). Par conséquent , il est important d’évaluer la performance et la validité des symptômes de cette population(16).

Il est courant que des personnes atteintes de TDAH, affirment présenter des symptômes invalidants et plongent dans un état de vigilance quotidien, frisant l’obsession. Elles demeurent en quête constante de symptômes(17) éventuels, alors que ceux qui leur ont été diagnostiqués ne sont pas chroniques. L’attitude est semblable à celle l’hypocondriaque.

La somatisation peut encore compliquer le traitement du TDAH de l’adulte, lors de la présence de symptômes comorbides, notamment lorsque se produit un chevauchement avec d’autres psychopathologies, telles que le troubles de l’humeur et de l’anxiété, les addictions en tous genres .(18)

  1.  Loring, D. W. (2015). INS dictionary of neuropsychology and clinical neurosciences. Oxford University Press.
  2.  Barkley, R.  A. (1997). ADHD and the nature of self-control. Guilford Press.
  3.  Katzman, M. A., Bilkey, T. S., Chokka, P. R., Fallu, A., & Klassen, L. J. (2017). Adult ADHD and comorbid disorders: clinical implications of a dimensional approach. BMC Psychiatry, 17(1), 302.
  4.  Brown, T. E. (2014). Smart but stuck: Emotions in teens and adults with ADHD. Wiley
  5.  Hervey, A.  S., Epstein, J.  N., & Curry, J.  F. (2004). Neuropsychology of adults with attention-defcit/hyperactivity disorder: A meta-analytic review. Neuropsychology, 18(3), 485.
  6.  Simon, V., Czobor, P., Bálint, S., Mészáros, A., & Bitter, I. (2009). Prevalence and correlates of adult attention-defcit hyperactivity disorder: Meta-analysis. The British Journal of Psychiatry, 194(3), 204–211.
  7.  Bálint, S., Czobor, P., Komlósi, S., Meszaros, A., Simon, V., & Bitter, I. (2009). Attention defcit hyperactivity disorder (ADHD): Gender-and age-related differences in neurocognition. Psychological Medicine, 39(8), 1337–1345.
  8.  Sciberras, E., Mulraney, M., Silva, D., & Coghill, D. (2017). Prenatal risk factors and the etiology of ADHD—Review of existing evidence. Current Psychiatry Reports, 19(1), 1.
  9.  Caye, A., Spadini, A.  V., Karam, R.  G., Grevet, E.  H., Rovaris, D.  L., Bau, C.  H., … Kieling, C. (2016). Predictors of persistence of ADHD into adulthood
  10.  Skodzik, T., Holling, H., & Pedersen, A. (2017). Long-term memory performance in adult ADHD: A meta-analysis. Journal of Attention Disorders, 21(4), 267–283.
  11.  Schoechlin, C., & Engel, R. R. (2005). Neuropsychological performance in adult attention-defcit hyperactivity disorder: Meta-analysis of empirical data. Archives of Clinical Neuropsychology, 20(6), 727–744.
  12.   Frazier, T.  W., Demaree, H.  A., & Youngstrom, E.  A. (2004). Metaanalysis of intellectual and neuropsychological test performance in attention-defcit/hyperactivity disorder. Neuropsychology, 18(3), 543.
  13.  Barkley, R.  A., & Murphy, K.  R. (2010). Impairment in occupational functioning and adult ADHD: The predictive utility of executive function (EF) ratings versus EF tests. Archives of Clinical Neuropsychology, 25(3), 157–173.
  14.  Harrison, A. G., Nay, S., & Armstrong, I. T. (2019). Diagnostic accuracy of the Conners’ adult ADHD rating scale in a postsecondary population. Journal of Attention Disorders, 23(14), 1829–1837.
  15.  Harrison, A. G. (2006). Adults faking ADHD: You must be kidding! The ADHD Report, 14(4), 1–7.
  16.  Harrison, A. G., & Armstrong, I. T. (2016). Development of a symptom validity index to assist in identifying ADHD symptom exaggeration or feigning. The Clinical Neuropsychologist, 30(2), 265–283.
  17.  Suhr, J., & Wei, C. (2017). Attention defcit/hyperactivity disorder as an illness identity: Implications for neuropsychological practice. In K.  B. Boone (Ed.), Neuropsychological evaluation of somatoform and other functional somatic conditions (p. 251–273). Routledge/Taylor & Francis.
  18.  Katzman, M. A., Bilkey, T. S., Chokka, P. R., Fallu, A., & Klassen, L. J. (2017). Adult ADHD and comorbid disorders: clinical implications of a dimensional approach. BMC Psychiatry, 17(1), 302.
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