La joie comme puissance de vivre.

Le conatus, abrite dans son étymologie, l’effort. Il est cette huile de coude qui propulse chaque individu et par extension chaque élément de la nature, pour qu’il se préserve dans son être , ainsi que le transmet Spinoza dans sa troisième partie de l’Éthique. Ce terme latin emprunté de la physique galiléenne, renvoie ã  l’idée selon laquelle  »tout corps ponctuel perdure dans un mouvement rectiligne et uniforme, en l’absence de facteurs extérieurs ».

L’idée même de se préserver dans son être connote celle d’une lutte pour l’existence. Cette lutte s’effectue par la voie d’une adaptation constante. Lorsque le conatus est déterminé ou commandé par un affect conscient cela devient un désir.  Une fois comblé, il suscite une joie. Le désir est selon Spinoza l’un des trois affects fondamentaux avec la joie et la tristesse. L’effort qu’il investit pour vivre est lui-même conditionné par des émotions, puisque ce sont elles qui incitent le sujet a se mouvoir. A contrario, celui qui ne ressent pas d’émotion, il ne désire plus rien de la vie, il se sent vide voir mort intérieurement :  »malheur a  qui n’a plus rien a  désirer! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède » disait rousseau dans la nouvelle Héloïse.

Ainsi, un sujet tente de conserver ce qui le conduit à  la joie et d’écarter ce qui produit de la tristesse. C’est avec la toute-puissance de sa raison que le sage s’efforce de se réaliser, c’est à dire d’exister.

La joie suscite une forme d’intensité du quotidien sans sombrer dans l’hédonisme. Elle se cultive et lorsqu’elle survient, elle témoigne de deux indications:

1/ que nous sommes sur la bonne voie, comme le dirait Bergson.

2/ que nous désirons qu’elle perdure et c’est d’ailleurs le signe même que nous y sommes attachés.

Spinoza explique la mécanique du désir et de la joie en disant que le premier est l’essence de l’homme et que la seconde signale sur son passage d’une moindre perfection a une perfection plus importante.

La joie nourrit la force d’exister qui a son tour nourrit la joie. Ben Sira, aurait dit que la joie prolonge la vie. Parce qu’en effet, elle entretient le désir de s’autoréaliser en permanence.

La joie suscite une création en soi et de soi mais également de soi par rapport au monde.

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